Sho Ota
22 octobre – 4 décembre 2021
Sho Ota a étudié le design industriel à l’université de Chiba au Japon. Il a aussi étudié à la Design Academy d’Eindhoven. Ce n’est pas un hasard et cela montre à quel point il a une idée lucide du design. Art ou
design ? Art ou artisanat ? Fonction ou poésie ? Ou l’ensemble ? De toutes ces directions pas forcément opposées Sho Ota puise a volonté. Chaque objet produit joue autant dans un champ que dans l’autre. Et même si le bois, qu’il connaît à la perfection est une constante, composant un dénominateur commun, il y a dans chaque objet une dualité. Que regarde-t-on ? Un objet utilitaire ? Une sculpture ? Regarde-t-on un objet fini ou inachevé ? L’objet est-il en construction ou en train de se défaire ? Est-ce un banc ou une table basse ?
Les œuvres de la série Surfaced sont à ce titre exemplaires. Regarder l’une de ces œuvres vous met automatiquement devant cette ambivalence. Chaque objet est construit d’un assemblage d’éléments de bois de sections différentes puis est savamment travaillé, laissant apparaître des vides et des pleins. Le volume fini peut alors avoir un aspect massif tout autant qu’une sorte de fragilité.
Si on doit chercher des précédents historiques, peut-être doit-on regarder du côté de l’art contemporain. Giuseppe Penone apparaîtra alors comme une figure tutélaire pour la série According to the Grain. Ici le travail de Sho Ota consiste comme pour Giuseppe Penone à dégager le bois autour des nœuds afin de retrouver l’évolution des branchages. Mais contrairement à l’artiste, Sho Ota, qui est bien designer, va utiliser cette idée pour créer du mobilier. Une manière de nous rappeler en permanence à l’origine même des objets qui nous entourent : un certain nombre proviennent directement de la nature ou y sont liés.
On pourra alors imaginer qu’il n’a d’autre enjeu que celui de nous plonger dans une forme d’harmonie avec les objets. Si le travail de façonnage du bois est particulièrement important et savant, l’objet final garde et montre pourtant une grande part de ses origines. Et même si l’analogie n’est pas évidente de prime abord, il n’est pas inutile d’évoquer Jasper Morrison. Le travail de ce dernier, comme pour Sho Ota, est bien de créer des objets avec lesquels on vit en harmonie dans une forme de continuité. À la limite de la disparition. Car une fois en mains ou utilisés, ce que l’on expérimente n’est pas une forme mais un usage, au travers d’un matériau.
Sho Ota est né à Chiba, au Japon, en 1984. Il y a étudié le design industriel et a travaillé un temps chez un ébéniste comme designer et prototypiste. En 2018 il crée son studio de design à Eindhoven, après son diplôme de la Design Academy d’Eindhoven dans le département Contextual Design. En 2019 il est finaliste à la Design Parade 14 de Hyères et reçoit en 2020 en tant finaliste une mention spéciale au concours Pure Talents 2020.